Textes liturgiques : Gen 3, 9-15.20 ; Ps 97(98) ; Eph 1, 3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38
Depuis le Jubilé de l’an 2000, la
tradition du pèlerinage de Notre-Dame des Miracles a pris un essor nouveau.
Nous fêtons les 15 années de ce nouveau souffle lors du début du Jubilé de la
Miséricorde et nous contemplons à travers Notre-Dame des Miracles Marie, Mère
de la Miséricorde envers les enfants et jeunes de tous les scoutismes, des
paroisses, des aumôneries, Mère de Miséricorde de toutes les familles, des
malades, des personnes seules, âgées, ayant un handicap.
La Parole de Dieu que nous venons
d’entendre situe Marie dans le dessein, le plan d’amour de Dieu sur l’humanité.
Dans le livre de la Genèse, interprété
à la lumière de Jésus-Christ le nouvel Adam, Marie apparait comme la nouvelle
Eve.
Autant Eve est demeurée inactive à la
Parole de Dieu et a pris le chemin de la désobéissance, ce que la Bible appelle
le péché, autant Marie s’est rendue attentive à la Parole de Dieu, et est
entrée dans le chemin de l’obéissance, à travers son oui, son Fiat à la volonté
de Dieu.
Nous avons entendu « Je suis la Servante du Seigneur,
qu’il me soit fait selon sa Parole. »
Dans ce mystère de l’Immaculée Conception,
la posture de Marie est à l’inverse celle d’Eve, et de l’humanité.
En chaque homme et femme, s’il n’est
pas touché par la grâce, se trouve un désir de toute puissance, une aspiration
à vivre sans limite, quand ce désir ne s’affronte pas à une parole
structurante, à la Torah ou à la loi divine, elle se transforme en violence
aveugle.
Marie a renversé ce mouvement inéluctable
par l’obéissance à la Parole de Dieu et a pris le chemin du service et de l’humilité.
Elle s’est laissée, à la suite de son
OUI, transformer par la grâce, la grâce dans sa plénitude, celle qui lui est venue
de la naissance de Jésus en sa chair, et celle de la grâce par anticipation de
la mort et de la résurrection de son fils.
Marie nous enseigne ainsi que la
liberté n’est pas de se laisser conduire par ce désir de puissance, de « faire
tout ce qu’il me plaît », mais par ce qui correspond à l’appel intérieur
qui vient du plus profond de nous-mêmes.
Comme Marie, nous avons été crées à
l’image de la ressemblance de Dieu.
Comme le dit l’Apôtre Paul dans la lettre
aux Ephésiens, Marie inclut dans le dessein d’Amour, de Miséricorde, la
bénédiction de Dieu sur l’humanité :
« Béni soit Dieu le Père de notre
Seigneur Jésus-Christ. Dans les cieux Il nous a comblés de sa bénédiction
spirituelle en Jésus-Christ. En Lui, Il nous a choisis avant la création du
monde. ».
Nous-mêmes, membres du corps du Christ
depuis notre baptême, nous sommes emportés dans cette bénédiction, cet élan
d’amour et de miséricorde de Dieu pour l’humanité.
Qu’est-ce que la Miséricorde ?
Ce mot est la réunion de deux mots
latins : misere, cordis, un cœur
qui compatit aux souffrances.
Miséricorde est le nom même de Dieu
qui n’est indifférent à aucune souffrance, et Jésus est le visage de la
Miséricorde qu’est le Père.
Le symbole de la porte jubilaire
signifie que les portes de la Miséricorde, de la bonté et de la tendresse de Dieu
sont toujours ouvertes. Jésus dans l’Evangile a posé des actes et des gestes de
Miséricorde : il a accueilli et guéri les malades ; il est allé à la
rencontre des pauvres et des pécheurs ; il a béni les enfants et les
jeunes ; il a révélé à la Samaritaine sa vocation de femme et de disciple.
En franchissant la
Porte de la Miséricorde,
en marchant dans la foi
avec Marie, Notre-Dame des Miracles,
en portant des
flambeaux (des bannières ?),
en participant à l’Eucharistie,
aujourd’hui, nous n’en sortons pas indemnes, nous sommes touchés, guéris,
transformés par la Miséricorde, la tendresse de Dieu.
Le signe que nous sommes touchés par
cette miséricorde sera que nous posions tout au long de l’année jubilaire des
actes concrets de bonté vis-à-vis de ceux qui souffrent de la maladie, d’un
handicap, de solitude, de l’épreuve du chômage, de séparations dans les
familles. Le Pape a voulu ce jubilé de la Miséricorde parce qu’il a constaté
que notre société vivait dans l’indifférence, il a parlé de la mondialisation
de l’indifférence.
La Miséricorde du Seigneur peut venir
briser ce cercle enfermant de l’indifférence, de la peur et du repli sur soi,
et nous ouvrir à la compassion envers tous ceux qui nous entourent et qui
vivent ou s’enferment dans la solitude.
Dans cette année, avec Marie, elle qui
a su débusquer la solitude et la pauvreté de Sainte Bernadette et lui faire
confiance, lui donner une mission, je vous invite dans les paroisses et les
mouvements scouts, dans les aumôneries, à repérer les personnes qui vivent dans
la solitude, à aller les visiter, à aller à leur rencontre, pour qu’à travers
des gestes de bonté et de miséricorde, elles puissent retrouver confiance en
elles-mêmes et trouver leur place dans la société et dans l’Eglise.
Si vous vivez cette invitation de
Marie et celle du Pape et de votre évêque, vous ferez l’expérience de la vraie
Joie, vous serez des flambeaux de lumière dans un monde plongé dans la peur et
la nuit.
+ Mgr Michel Santier
Évêque de Créteil